"La mobilisation contre les #mégabassines, ça finit par payer, mais ça coûte très cher ! Voilà maintenant près de 8 ans que la Préfecture autorisait, illégalement, la construction de 5 mégabassines en Charente-Maritime. Depuis, les associations environnementales et agricoles se battent sans relâche pour faire reconnaitre l’illégalité de ces ouvrages, construits et utilisés depuis 6 ans. La dernière décision vient de tomber : le Conseil d’Etat invalide l’autorisation initialement accordée par la Préfecture. On peut saluer cette décision, qui vient rétablir un peu d’Etat de droit dans nos campagnes. Mais tout de même, il semble difficile de s’en féliciter tant les conséquences demeurent graves. Dans ce marasme, la plus grande responsabilité incombe à l’Etat, ses Préfets et les représentants de la FNSEA et de la Coordination Rurale. Les gouvernements successifs qui incitent les agriculteurs, avec la bénédiction du syndicat agricole majoritaire, à s’engager sur les marchés mondiaux sont en partie responsables de cette situation. En votant une politique agricole commune favorisant l’export, en cherchant à maximiser la balance commerciale de la France, ils ont contribué à pousser les agriculteurs à produire notamment du maïs, sans tenir compte de la dégradation de la ressource en eau que cette spécialisation produirait. L’Etat a également fermé les yeux sur ses propres règlementations en matière d’environnement et de gestion de l’eau, en autorisant la construction de mégabassines qui les enfreignaient manifestement. Pire, il a même financé à 70%, avec l’argent public, à leur construction. Au final, c’est 3,7 millions d’euros d’argent public de gaspillés ! Les conséquences sont encore plus rudes pour les agriculteurs investis dans ces projets. Comme ils l’expliquent dans cet article de France 3, ces investissements sont perdus et fragilisent l’équilibre économique de leurs exploitations. Voilà comment l’idéologie aveugle de la mondialisation de l’agriculture amène une forme de chaos dans les campagnes. Je ne peux m’empêcher d’être soulagé par cette décision, parce qu’elle valide aussi notre légitimité dans ce rôle de défenseurs d’un juste et soutenable partage de l’eau. Mais je suis toujours en colère contre les responsables politiques à la tête de l’Etat ou dans les instances de représentation agricole qui réfléchissent sans prendre en compte les limites écologiques des milieux sur lesquels ils rêvent de voir se développer une agriculture qui n’existe que dans leurs fantasmes. Les écologistes sont les meilleurs alliés des agriculteurs, j’en suis convaincu. Nous devons d’urgence réaménager nos territoires, avec des haies, des arbres, des prairies permanentes, recréer les méandres des cours d’eau, restaurer les zones humides, afin de permettre aux nappes souterraines de vraiment se recharger. Et seulement ensuite, nous pourrons envisager du stockage d’eau, financé à 100% par de l’argent public pour en garantir une gestion publique, et qui bénéficierait à celles et ceux investis dans un projet de souveraineté alimentaire du territoire. De nombreuses et nombreux paysans l’ont déjà compris…" Texte de Benoît BITEAU https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente-maritime/la-rochelle/bassines-l-utilisation-en-charente-maritime-rejetee-par-le-conseil-d-etat-avec-des-decisions-comme-ca-on-va-finir-par-devoir-tout-importer-2708246.html?fbclid=IwAR3OSM3scnx_8jBHNUEhtOkvdkC2QfRBnxfVV-BtZyF7zo1xllHbDima9EE
Photo : Les cinq "bassines" de Charente-Maritime, dans le bassin du Mignon, seront bien interdites d'utilisation, comme l'a confirmé le Conseil d'État le 3 février 2023. Ici, la réserve de substitution de Cramchaban. • © Marie Delage - MaxPPP
Comments