Cette carte est intéressante pour ce qu'elle dessine grossièrement : une image de l'agriculture polluante des zones céréalières et viticoles. Avec un paroxysme pour le cognac et le bordeaux. Ceci présage de ce que l'on doit retrouver dans l'eau de la Charente et la Gironde, les effets cocktail en plus !
Mais creusons un peu. La carte laisse croire à un impact moindre dans certaines communes. Il faut revenir au mode de calcul qui sous-tend cet affichage. Ici on parle d'IFT (indice de fréquence de traitements) par unité de surface.
Il apparaît deux biais :
La surface prise en compte est celle de l'ensemble de la commune avec ses surfaces bâties (et urbanisées) et de grandes surfaces agricoles qui ne sont pas traitées (marais et zones d'élevage).
Le calcul même des IFT : 1 traitement n'est pas égal à 1 IFT. Cela dépend de la dose épandue et du produit utilisé.
IFT = Dose appliquée x surface traitée Dose de référence x surface de la parcelle La dose de référence est une valeur fixe, indépendante des pratiques de l’agriculteur et définie à partir des doses homologuées. Pour obtenir l’IFT de la parcelle, il faut additionner l’IFT de tous les traitements réalisés, depuis la récolte précédente jusqu’à la récolte suivante (en prenant en compte les traitements sur l’inter-culture). Le biais est que l'on traite rarement la totalité de la surface (donc le rapport calculé est inférieur à 1 pour tenir compte, par exemple, des canaux ou des haies) et que la dose appliquée est toujours inférieure à la dose de référence (donc le rapport calculé est encore inférieur à 1). Ces deux phénomènes combinés ont tendance à diminuer fortement l'IFT moyen pour l'ensemble de la commune.
Le plus pertinent serait de raisonner avec les IFT des parcelles et de connaître le nom des produits épandus. Mais c'est assez difficile à obtenir...
Mais l'important est de diminuer drastiquement le recours aux différents phytosanitaires.
Pourquoi avoir changé le nom du "Ministère de l'agriculture" en "Ministère de l'agriculture et de la souveraineté agricole", sinon pour revenir à une agriculture plus intensive, sous la pression de la FNSEA ? C'est un virage à 180° ! Le vocabulaire utilisé est AGROPRODUCTIVISTE. Ici, il faut produire "coûte que coûte"...
Aussi, le terme SOUVERAINETÉ laisserait à penser qu'il y a un risque de famine. Aujourd'hui, au sein des réunions à la DRAAF (Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Forêt) voilà ce qu'il se dit : "Les stocks de blé, et plus largement de céréales, sont corrects et la pénurie est provoquée par deux phénomènes : la spéculation sur les produits agricoles et le consommateur qui fait des stocks. La famine en Afrique est due à une sécheresse globale de la zone nord liée au dérèglement climatique. Et, là encore, il y a des capitalistes qui s'engraissent"... Pour imager : les stocks de blé en silos à La Pallice sont vendus et revendus environ 5 fois entre traders, avant d'être embarqués réellement dans un bateau pour l'export. Les tensions internationales font que les cours augmentent et qu'à chaque vente successive les traders font un bénéfice. Ainsi, les puissants ont tout intérêt à entretenir ce sentiment de tension et la pénurie sur les pays africains, pour maximiser leurs dividendes.
Une des solutions serait de retirer les produits agricoles des cotations et du marché financier international, et de rendre obligatoire la publication des changements de propriété des différents stocks.
Comentários